Oissery, Forfry et communes alentour (Seine-et-Oise, aujourd’hui Seine-et-Marne), 26 et 27 août 1944

<aside> 👉 Le 26 août 1944, le bataillon commandé par Charles Hildevert fut décimé à Oissery par les forces allemandes. Ces combats et le ratissage effectué le jour même et le jour suivant dans les communes voisines, firent cent cinq morts (surtout des résistants mais aussi quelques civils massacrés) et soixante-cinq prisonniers ou disparus.

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A la mi-août le réseau Armand-Spiritualist dépendant du SOE-F Buckmaster (Special Operations Executive, section française des services britanniques, appelée aussi Buckmaster du nom du chef de la section F, Maurice, James Buckmaster) s’organisa militairement grâce aux armes reçues et forma plusieurs compagnies, créant le 1er Régiment Franc de Paris. Le régiment de France ne prit pas part à l’insurrection parisienne, ce qui lui fut reproché par les FFI. La mission confiée par le S.O.E fut de réceptionner un important parachutage de matériels, d’armes et d’hommes qui devait avoir lieu à une quarantaine de kilomètres à l’est de Paris, à Saint-Pathus (Seine-et-Oise, aujourd’hui Seine-et-Marne), et de se porter ensuite, avec ces troupes, vers la région de Meaux pour couper la route à l’armée allemande qui refluait alors vers l’Est.

Le parachutage devait avoir lieu sur le terrain habituel de Saint-Pathus/Oissery aux alentours de l’étang de Rougemont. Au matin du 26 août, un convoi de vingt-cinq camions, le bataillon Hildevert, venant du Raincy se dirigea vers le lieu de rendez-vous par Villeparisis et Claye-Souilly. La formation fut repérée par les Allemands, en particulier par une unité allemande, la 49e Panzerbrigade S.S.Le convoi arriva à Saint-Pathus vers 9 heures 30 - 10 heures, et prit position. Mais des groupes allemands puissamment armés le surprirent. Oissery et ses alentours furent le théâtre de violents combats, mais la disproportion des forces et des armements aboutit à un véritable massacre dans les rangs des résistants. Les combats firent cent cinq morts, dont le commandant Hildevert et ses deux fils tués par un obus de 88, et soixante-cinq prisonniers et disparus selon les estimations d’après-guerre. En particulier, la râperie de betteraves installée sur la commune fut le lieu du massacre de plusieurs dizaines de résistants pour la plupart blessés. En effet pendant les combats, les blessés se réfugièrent avec quelques prisonniers et des infirmières dans cette râperie. L’infirmerie de la râperie fut peu après investie par les soldats allemands et incendiée avec ses occupants. On en retira vingt-sept cadavres calcinés et pour certains jamais identifiés.

Le jour même et le lendemain 27 août, alors même que les forces américaines de la IIIème Armée US venant du sud approchaient, parvenant le 28 août à Saint-Pathus, les troupes allemandes procédèrent à un intense ratissage du secteur pour retrouver les résistants qui étaient parvenus à s’échapper. Des rescapés furent capturés à Saint-Mesmes, Vinantes, Monthyon, Saint-Soupplets, Saint-Pathus et fusillés sur le champ.

Gilles Primout (site internet. op. cit.) a dressé une liste des victimes (neuf cadavres brûlés à la Râperie ne furent pas identifiés ; parmi eux vraisemblablement les portés disparus figurant dans cette liste).

Liste des victimes :

  1. Jean-Marie Ardoli, 19 ans, rescapé de la bataille abattu à Saint-Mesmes
  2. Georges Bardon, 25 ans, tué à Oissery
  3. Gilbert Bataille, 19 ans, tué à Oissery (son frère, capturé, reviendra de déportation), impasse à Noisy-le-Grand (1964)
  4. Fernand Baudot, 38 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie. Allée à Livry-Gargan (1945)
  5. Mohamed Bess-Perdjani, soldat tunisien prisonnier de guerre qui s’est joint au bataillon ; tué sur le pont de la Thérouannne
  6. Jean Bleuzen, 28 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  7. Gaston Blois, 38 ans, porté disparu
  8. Ernest Bonin, 29 ans, tué à Oissery
  9. Pierre Bouyer, tué à Oissery
  10. Roger Briand, tué à Oissery
  11. Julien Bridier, 37 ans, tué à Oissery
  12. William Britton, 23 ans, tué par éclats d’obus à Oissery
  13. Henri Brumet (Brunet ?), tué à Oissery
  14. Lucien Brunel, tué à Oissery
  15. BUSSIERE Louis, fait prisonnier et exécuté sommairement.
  16. Albert Castelain, 28 ans, tué carrefour de Vinantes
  17. Robert Cerles, 18 ans, tué à Oissery
  18. Adrien Chaigneau, alias Jack Telmont, lieutenant de l’équipe Jedburgh, tué à l’étang (Saint-Cyrien promotion 1937)
  19. CHARRETON Roland, 19 ans, tué à Oissery
  20. CHAUSSADE Paul, tué à Oissery
  21. Robert Colombelle, 31 ans, rescapé de la bataille, abattu à Vinantes
  22. Henri Compagnon, 24 ans, tué à Oissery (il avait participé au sabordage de la flotte à Toulon en 1942)
  23. Bruno Cornelli, 19 ans : ouvrier agricole, il commet l’erreur se s’approcher d’un hangar en feu en compagnie du fils de son patron ; les deux jeunes gens sont abattus et brûlés à la Râperie
  24. Eugène Cornet, 40 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  25. Marie-Louise Cornet, née Filloux, 39 ans : infirmière du Bataillon, elle refuse d’abandonner Eugène, son mari blessé ; elle est fusillée et brûlée à la Râperie ; leur fils Louis, 16 ans, ne pourra identifier que les restes de son père
  26. Georges Corten, 18 ans, tué à Oissery
  27. André Courbard, blessé à Rougemont, achevé et brûlé à la Râperie
  28. Jean-Paul Couturier, 23 ans, tué à l’entrée d’Oissery
  29. DAMERON Michel, 24 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  30. Maurice Darras, 19 ans, rescapé de la bataille, abattu à Saint-Mesmes
  31. Paul Darras (frère du précédent), 20 ans, tué à Oissery, rue à Noisy-le-Grand
  32. Raymond Déjardin, 19 ans, rescapé de la bataille, abattu à Monthyon, rue à Noisy-le-Grand : Raymond Desjardin
  33. DELHOSTAL Jean, tué à Saint-Soupplets
  34. DENIS Charles, tué à Oissery
  35. M. Deroche, porté disparu
  36. André Duval, porté disparu
  37. André Ferlicot, 32 ans, tué à l’étang
  38. FIERENS Émile, rescapé de la bataille, fusillé à Saint-Soupplets.
  39. Gaston Fontaine, 38 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  40. M. François, tué à Oissery (il s’agit peut-être d’Adrien Chaigneau alias Jack Telmont, alias Jean-François)
  41. Maurice Fructus, tué à Oissery
  42. GAVEND Léon, fait prisonnier et exécuté sommairement à Oissery ou Forfry
  43. Auguste Geneviève, 24 ans, tué à Oissery
  44. José Giner, 41 ans, tué à Oissery
  45. Henri Girard, tué à Oissery
  46. Louis Gollion, 40 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  47. André Grelot, 18 ans, tué à Oissery
  48. Édouard Guenzi (Gueuze ?), tué à Oissery
  49. Maurice Guillemain, 50 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  50. GUILLOTEAUX Marcel, tué à Oissery
  51. Jean Guingel, porté disparu
  52. Émile Guyon père, 47 ans, tué à Oissery
  53. Emile Guyon fils, 21 ans, tué à Oissery
  54. Jean-Jacques Harbulot, tué à Oissery
  55. Marcel Harbulot, oncle du précédent, tué à Oissery
  56. André Hautcolas, 22 ans, tué à l’étang
  57. Charles Hildevert, 45 ans, tué avec ses deux fils à l’étang
  58. Georges Hildevert, 19 ans
  59. Roger Hildevert, 21 ans
  60. Michel Jannin, 18 ans, tué à Oissery
  61. Roger Joly, 24 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  62. LAMANT Jules exécuté sommairement à Forfry
  63. LAMANT Albert exécuté sommairement à Forfry
  64. LAMANT Louis exécuté sommairement à Forfry
  65. Jean Laplace, 30 ans, tué à Oissery
  66. Jean Laurent, 31 ans, porté disparu
  67. Robert Laurent, frère du précédent, 28 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
  68. LAVETTI Marc, fusillé à Saint-Mesmes mais ne figure pas sur les effectifs du Bataillon